Comment évolue la faune en Occitanie?

Objectif

Cet indicateur rend compte de l’évolution des populations nicheuses de laridés (sternes, mouettes et goélands) et de limicoles (avocette) coloniaux nichant en région Occitanie.

Résultat synthétique

  • Les effectifs nicheurs de la plupart des espèces étudiées sont en augmentation sur les 10 dernières années du fait de  l’important travail d’aménagement de sites favorables à leur reproduction, notamment par le biais de programmes  de conservation locaux, menés par les organismes gestionnaires ou nationaux comme le Life+ Envoll.
Mouette rieuse

@J. Laurens

Contexte de la fiche

Toutes les espèces concernées par cet indicateur sont coloniales. Ce mode de vie permet une défense collective des nichées contre les prédateurs (les nids étant établis au sol). Hormis le cas particulier de la Sterne naine, les colonies sont en général établies sur des îles ou des digues entourées d’eau, permettant une protection naturelle contre les prédateurs terrestres. La gestion fine de la hauteur d’eau dans les pièces d’eau (souvent d’anciens salins) est la condition première de la réussite de l’installation d’une colonie de laro-limicoles puis de la productivité (nombre de jeunes/couple nicheur). Bien que les colonies de Sternes naines puissent s’installer sur ces mêmes sites, elles peuvent également s’établir sur des plages ou des arrières-dunes. Malgré des mises en défens, permanentes ou temporaires, ces colonies sont très souvent dérangées et les succès de reproduction en sont rendus très aléatoires.

Résultats

Au total, ce sont 16 500 à 18 300 couples (toutes espèces confondues) qui se sont reproduits en Occitanie en 2021. Le Gard, l’Hérault et l’Aude hébergent la quasi-totalité des effectifs régionaux.

Le tableau 1 présente les données  quantitatives pour les différentes espèces nichant en Occitanie et met en lumière l’importance des effectifs de Mouette mélanocéphale dont les colonies représentent plus d’un tiers de l’effectif total ( toutes espèces confondues).

Tableau 1 : Effectifs régionaux (en nombre de couples nicheurs) des différentes espèces de laro-limicoles en 2021, classées par ordre d’importance (Source : CEN OC, 2021).

Selon les années, les effectifs présentent d’importantes fluctuations ( figure 1 et 2) . Ces variations interannuelles sont caractéristiques de ce groupe d’espèces qui réagit fortement et rapidement à l’amélioration/détérioration des sites de  reproduction. Il convient cependant de garder à l’esprit qu’une colonie importante peut, selon les années, s’installer d’un  côté (Occitanie) ou de l’autre (PACA) du Rhône. C’est pour cette raison que la coordination du suivi est assurée à l’échelle  de la totalité de l’arc méditerranéen français. Au niveau spécifique, il faut souligner la forte augmentation  des effectifs de  Mouette rieuse et mélanocéphale depuis une dizaine d’années. Les effectifs reproducteurs de cette dernière espèce en  région (près de 7000 couples actuellement) sont tout à fait remarquables au niveau national voire européen. A noter que cette espèce est également en forte augmentation à l’échelle européenne.

 

 

Les Sternes caugek et naine sont également en augmentation depuis le début du suivi, leurs effectifs régionaux semblent cependant se stabiliser (malgré des fluctuations) depuis 2014, voire même diminuer pour la Sterne naine depuis 2015. Le Goéland railleur, espèce dont les effectifs reproducteurs sont les plus faibles parmi les espèces suivies, est également en  augmentation nette sur l’arc méditerranéen, bien que les effectifs régionaux restent relativement modestes.

Les limites

La principale limite de l’indicateur tient dans l’échelle administrative utilisée. En effet,l’échelle régionale est peu  adaptée pour le suivi de ces espèces très mobiles, y compris en cours de saison de reproduction. L’évolution des effectifs régionaux peut ainsi être biaisée du fait de changements de sites de colonies (en particulier entre Camargue (PACA) et  Camargue gardoise (Occitanie)). Les suivis des laro-limicoles se font actuellement à l’échelle de l’arc méditerranéen
français. Une seconde limite réside dans l’interprétation des résultats, reflétant davantage la qualité et de la quantité  des sites de reproduction favorables, souvent artificiels ou restaurés.

Les menaces

La menace principale, concernant toutes les espèces de laro-limicoles, est constituée par la variation des niveaux d’eau  dans les lagunes en cours de saison de reproduction (avril-juillet principalement). Un manque de niveau d’eau implique une prédation des nids quasi-systématique par les mammifères terrestres. Au contraire, une augmentation de la lame  d’eau ou des coups de mer peuvent submerger la colonie. Les dérangements nombreux subis par la Sterne naine sur ses  colonies, qu’il s’agisse de simples promeneurs ou des chiens non tenus en laisse, sont récurrents et difficiles à limiter  malgré un investissement en temps et en matériel important. La baisse des ressources trophiques dans les lagunes méditerranéennes ou en mer pourrait, à terme, affecter les populations languedociennes de laro-limicoles. L’augmentation des effectifs des prédateurs opportunistes, favorisés par l’anthropisation de la frange littorale  languedocienne, pourrait avoir un impact, souvent localisé, sur certaines colonies (impact récent du Grand-duc).

Les solutions

Un important travail de création/restauration de sites favorables à la reproduction, souvent sur d’actuels ou anciens salins et de gestion des niveaux d’eau (restauration système hydraulique), explique l’augmentation des effectifs de laro-limicoles  en région. Ces actions ont été initiées dès le milieu des années 2000 dans le cadre de programmes régionaux  puis accélérées avec le LIFE+ ENVOLL, débuté en 2013. Depuis 2019, le projet LARIMED a pris la suite du Life en se  focalisant sur le suivi des populations. Les mises en protection, fixes ou temporaires, mises en place pour protéger les  colonies de Sterne naine et autres nicheurs des hauts de plage portent leur fruit, dans un contexte de fréquentation  humaine très importante du trait de côte. Un effort supplémentaire de sensibilisation, des résidents comme des  vacanciers, doit être envisagé pour garantir la conservation sur le long terme de cette espèce typique des plages occitanes.

Rédacteurs fiche

Fabien Gilot & Florian Olivier, Groupe Ornithologique du Roussillon.
Olivier Scher, Conservatoire d’Espaces Naturels d’Occitanie

© J. Laurens