Comment évolue
la faune en Occitanie ?

Objectif

L’indicateur a pour objectif de mesurer l’état des populations d’oiseaux d’eau hivernants en région Occitanie.

Cela concerne différentes espèces de canards, foulques, grèbes, fuligules, ardéidés (hérons) et limicoles.
Toutes les pièces d’eau de la région accueillent, d’octobre à mars, des oiseaux d’eau ayant niché au printemps précédent dans le nord de l’Europe. Certaines espèces sont inféodées aux plans d’eau intérieurs, d’autres sont plus abondantes dans les vastes lagunes et étangs saumâtres du littoral languedocien.

Ainsi, cet indicateur permet de fournir des informations sur l’état des zones humides de la région Occitanie.

 

Résultats synthétiques

L’analyse des données issue des comptages Wetlands permet de réaliser trois constats :

  • une nette diminution de l’effectif total d’oiseaux d’eau hivernants de l’ordre de 40% sur les vingt dernières années,
  • une augmentation de la diversité spécifique des oiseaux d’eau hivernants,
  • une nette augmentation des effectifs pour certaines espèces au cours de ces 30 dernières années (Grande Aigrette, Cigogne blanche, …).

 

Titre du bloc

@J. Laurens - GOR

Contexte

Le comptage Wetlands International est une initiative mondiale lancée au lendemain de la convention de Ramsar, ratifiée par la France en 1986.
L’état des populations d’oiseaux d’eau s’est vite révélé comme un bon indicateur de l’état de conservation global des zones humides. Il est donc apparu nécessaire de connaitre les effectifs de ces espèces et leurs évolutions dans le temps, via un suivi annuel.

Le comptage Wetlands constitue le plus ancien suivi ornithologique standardisé en France. Encore lacunaire en région Occitanie entre 1983 et 1993, seuls les résultats sur la période 1993-2020 ont été pris en compte pour pouvoir être comparés d’année en année.

Résultats

Indice multispécifique Wetlands International (méthode qualitative)

Sur les 30 espèces retenues pour le calcul de cet indice:

-2 sont en forte augmentation,

-5 sont en augmentation modérée,

-11 sont stables,

-3 sont en déclin modéré,

-1 est en fort déclin

-8 ont une tendance incertaine statistiquement.

L’indice multispécifique calculé à partir de ces 30 espèces, révèle une augmentation modérée sur la période 1993- 2021, qui se stabilise sur la période 2010-2021.

L’augmentation de cet indice est dûe en grande partie à l’arrivée de nouvelles espèces depuis 1993 et aux fortes augmentations d’espèces auparavant non hivernantes ou très rares, comme la Grande Aigrette et la Cigogne blanche.
C’est donc ici une augmentation de la richesse spécifique hivernante qui est constatée.

Nombre d'oiseaux hivernants (méthode quantitative)

Au niveau strictement quantitatif, l’évolution de l’avifaune aquatique hivernante est bien plus mitigée.

Depuis 2000, l’effectif régional décroit et se situe aux alentours de 120 000 oiseaux en 2020, soit une « perte » globale de 40% des effectifs hivernants sur les 20 dernières années.

En effet, les espèces aux effectifs hivernants très importants dans les années 1990, régressent fortement en Occitanie. Cette baisse des effectifs peut s’expliquer par les deux grands
facteurs : des populations d’oiseaux qui régressent ou des aires d’hivernage qui évoluent.

 

Limites

L’évolution des effectifs hivernants en région est à mettre au regard de la tendance de population de l’espèce à plus large échelle. C’est par exemple le cas du Canard pilet,
dont les populations européennes sont en déclin, ou de la Grande Aigrette, qui depuis l’arrêt de sa chasse en Europe se porte de mieux en mieux.

L’évolution des effectifs peut être dûe à une modification de l’aire d’hivernage, souvent un décalage vers le nord, que l’on peut parfois mettre en rapport avec le changement climatique. Une baisse ou une augmentation d’effectifs hivernants régionaux ne correspond donc pas forcément à une même baisse ou augmentation de la population globale d’une espèce.

 

 

 

 

Menaces

Les menaces sur l’état des populations d’oiseaux d’eau hivernants sont de différentes natures et peuvent se cumuler.

  • Les modifications et la perte des milieux naturels

La modification et la perte des milieux sont probablement les principales menaces qui pèsent sur les oiseaux d’eau, que ce soit sur leurs sites de reproduction ou d’hivernage.

La perturbation des milieux peut également avoir de forts impacts. Par exemple, les variations des niveaux d’eau entraînent des pertes de capacité d’accueil pour les oiseaux d’eau, mais également des impacts sur les herbiers aquatiques des lagunes, dont certaines espèces comme la Foulque macroule, se nourrissent.

  • Le changement climatique

Cet impact est probablement principalement indirect, notamment via l’accès aux pièces d’eau (sècheresse), la modification de la ressource alimentaire suite à une sécheresse (perte des
herbiers en 2003) ou à un hiver très froid (les oiseaux d’eau étant très touchés lors des hivers rigoureux).

  • Les maladies
  • La chasse

Beaucoup d’espèces ici concernées sont chassables en France, quel que soit leur statut de conservation.

 

Il reste beaucoup d’inconnues concernant les raisons de l’évolution des populations de ces espèces d’oiseaux.
De nombreuses menaces restent à préciser et à mieux quantifier. De plus, les effets combinés des différentes menaces peuvent accélérer les tendances observées pour certaines espèces, que ce soit à l’échelle régionale, nationale ou européenne.

Solutions

Plusieurs solutions peuvent être apportées pour améliorer la conservation des oiseaux d’eau hivernants en Occitanie.

  • La gestion des zones humides

Des plans de gestion et de conservation doivent être entrepris sur les principales zones humides de la région. Ces
documents d’orientation sont d’autant plus importants pour la gestion des zones humides du littoral qui concentrent à la fois, les plus gros effectifs d’oiseaux hivernants mais aussi les plus fortes menaces.

La gestion des niveaux d’eau apparait comme étant primordiale au maintien des capacités d’accueil des pièces d’eau d’Occitanie pour les oiseaux hivernants. L’optimisation de la gestion des arrivées d’eau douce dans les lagunes sont également à améliorer.

  • Le développement de zones de quiétude

Certains sites majeurs d’hivernage de la région sont des sites chassés. En augmentant le nombre de réserves de chasse, il serait alors possible de garantir une meilleure quiétude des oiseaux sur leurs sites d’hivernage.
Les données sur la qualité des ressources trophiques des lacs, étangs et lagunes de la région font actuellement défaut. Des études sur l’évolution de ces ressources, paramètre primordial pour les oiseaux d’eau, doivent être menées.

Rédacteurs fiche

Fabien Gilot & Florian OLIVIER Groupe Ornithologique du Roussillon (GOR)

Données sources

Structures contribuant aux suivis Wetlands  annuels en région : ALEPE, AROMP, ANACEN Ariège, Aude Nature, CEN Occitanie, COGARD, GOG, GOR, LPO Aude, LPO Hérault, LPO Tarn, Nature En Occitanie, PNR de la Narbonnaise, RNR Ste Lucie, Société des Sciences Naturelles du Tarn-et-Garonne, Syndicat Mixte Camargue gardoise.