Évolution des populations nicheuses des rapaces communs

Objectif

Ce descripteur vise à évaluer les tendances d’évolution des rapaces « communs », diurnes ou nocturnes, en région.
Les rapaces sont des indicateurs de la santé globale des écosystèmes du fait de leur position en bout de chaîne alimentaire. L’état de santé des populations de rapaces communs rend compte de la qualité et de la quantité de la ressource trophique (micromammifères, gros insectes, passereaux et reptiles).

Résultat synthétique

Cet indicateur semble montrer une baisse de la fréquence d’observation de la plupart des espèces de rapaces nicheurs dits « communs » depuis une dizaine d’années en région Occitanie.
Sur les 8 espèces de rapaces communs, seule une, la Chouette hulotte présente une situation plutôt favorable.

Mouette rieuse

@J. Laurens

Contexte

Longtemps persécutés par l’Homme, les rapaces ont vu leur statut évoluer progressivement à partir de leur inscription sur la liste des espèces protégées en France (1976). Ainsi, de 1976 à 2000, les populations de nombreux rapaces se sont largement reconstituées en France.
Si les effectifs des espèces les plus rares et patrimoniales ont poursuivi leur augmentation, en partie grâce aux efforts de conservation consentis (Indicateur Rapaces patrimoniaux) la situation des rapaces communs est plus contrastée sur la dernière décennie en France.
Le cortège de rapaces étudié est typique de la mosaïque agricole, incluant des mas ou fermes isolés, des haies et des milieux semi-boisés environnants.
Les espèces composant cet indicateur sont encore bien représentées en région, permettant de bénéficier d’un nombre annuel de données conséquent, ce qui est important pour le calcul de l’indice.

Résultats

Les espèces suivantes sont prises en compte : Faucon crécerelle (Falco tinunculus), Buse variable (Buteo buteo), Epervier d’Europe (Accipiter nisus), Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), Chouette hulotte (Strix aluco), Chevêche d’Athéna (Athenae noctua), Petit-duc scops (Otus scops) et Effraie des clochers (Tyto alba).

Les résultats sont issus de la méthode de «la part relative» permettant d’avoir une tendance des populations d’espèces sur la base d’un indice.

À partir du cumul des indices de parts relatives de chaque espèce, il est possible d’avoir une tendance globale des populations des rapaces communs.

Le graphique semble ainsi indiquer une baisse de la part relative cumulée des 8 espèces étudiées sur la période 2012-2021. Si les raisons expliquant cette situation défavorable sont diverses, il est très probable que la diminution de la biomasse et de la diversité spécifique dans plusieurs groupes taxonomiques (gros insectes, micromammifères, passereaux en partie) concourent assez logiquement à la raréfaction progressive des prédateurs.
L’évolution de ces espèces, situées au sommet de la chaîne alimentaire, mérite d’être étudiée plus précisément, en particulier pour les espèces spécialistes (circaète Jean-le-Blanc, Petit-duc scops, Effraie des clochers) qui pourraient être menacées en région.

Les limites

La méthode de la part relative est expérimentale et est en cours d’évaluation.

La masse importante de données récoltées est un point fort de cette méthode mais de nombreux biais existent et compromettent un haut niveau de confiance des résultats. Ainsi, les données chiffrées relatives à chaque espèce sont tronquées par une couverture géographique hétérogène et par le fait que les observateurs bénévoles ne notent pas systématiquement toutes les espèces.

L’avènement des « listes complètes », contraignant l’observateur à noter systématiquement toutes les espèces observées, devrait résoudre une partie de cet important biais en diminuant les « fausses absences ».
Cette méthode convient peu aux espèces peu fréquentes (et/ou peu notées).

Les menaces

Les rapaces communs subissent des menaces de différentes natures :

  • l’appauvrissement globale et banalisation des agro-systèmes: arasement des haies et arbres isolés, monocultures intensives, phytosanitaires, rénovation des vieux bâtiments...
  • l’artificialisation des terres (urbanisation, infrastructures…),
  • le dérangement dû à l’augmentation de la fréquentation humaine en milieu naturel,
  • l’augmentation du risque de mortalité par collision (éolien, circulation automobile) ou par électrocution (lignes moyenne ou haute tension),
  • la fermeture progressive des milieux ouverts, en particulier en garrigue, du fait de la déprise pastorale,
  • la perte de biomasse disponible dans les échelons inférieurs de la chaîne alimentaire : gros insectes, passereaux, micromammifères, reptiles.

Les solutions

Diverses solutions peuvent être envisagées pour agir concrètement en faveur des rapaces communs:

  • la conservation de la mosaïque agricole et diversification des systèmes agricoles : replantation de haies vives, diversification des cultures, préservation des prairies permanentes…
  • la diminution drastique de l’utilisation des produits phytosanitaires,
  • le redéploiement d’un élevage extensif dans les zones de piémont méditerranéen,
  • le suivi de carrés échantillons pour mieux évaluer la tendance d’évolution des rapaces communs (observatoire rapaces).

Rédacteurs fiche

Fabien Gilot & Florian Olivier, Groupe Ornithologique du Roussillon.

Références

Lang B., 2018. Mise en évidence du statut de certaines espèces par l’analyse de la base de données du GONm à l’aide d’un paramètre simple : la part relative. Le Cormoran Tome 21 : N°88 fascicule 4, pp 255-269. 70 pages.

Thiollay B. & Bretagnolle V., 2004. Rapaces nicheurs de France : Distribution effectifs et conservation. La bibliothèque du Naturaliste. Delachaux & Niestlé. 70pages.

http://observatoire-rapaces.lpo.fr/

https://www.vigienature.fr/fr/resultats-especes-3367