Comment évolue
la faune en Occitanie ?

Objectif

L’objectif de cet indicateur est d’établir un état des connaissances actuelles du peuplement des amphibiens en Occitanie. Il vise à renseigner un certain nombre de descripteurs tels que le nombre d’espèces présentes sur le territoire régional, la répartition de cette richesse spécifique et l’identification des espèces menacées.

 

Résultats synthétiques

  • 25 espèces d’amphibiens sont recensées en
    Occitanie.
  • 20 espèces sont considérées comme
    indigènes et reproductricessur les 35 de France
    métropolitaine, soit environ 57% des amphibiens présents
    en France.
  • 3 espèces sont menacées de disparition à
    l’échelle nationale.
Titre du bloc

@S.Baudouin

Contexte

L’Occitanie correspond à un vaste territoire, marqué par d’importants contrastes. Le climat, le relief ou encore la diversité géologique se combinent pour former des ensembles paysagers complexes, à l’origine d’une grande biodiversité. Quatre entités paysagères et biogéographiques font la singularité de la région et déterminent fortement la distribution régionale des amphibiens, en fonction de leurs affinités biogéographiques (espèces à profil méditerranéen, atlantique, continental, montagnard).

Les amphibiens sont fortement liés à l’eau et, même si la plupart des espèces d’Occitanie sont strictement terrestres à l’âge adulte, toutes connaissent un stade larvaire aquatique. Généralement les amphibiens sont fidèles à leur point d’eau où ils sont nés et même adultes, ils restent à proximité pour venir s’y reproduire. Il s’agit donc d’animaux très peu mobiles et très casaniers, fortement liés à la qualité écologique de leur habitat. La présence d’écosystèmes aquatiques est donc indispensable à leur présence et à leur maintien.

Résultats

Diversité spécifique des amphibiens

La région Occitanie compte 25 espèces d’amphibiens comprenant
- 20 espèces indigènes, dont 2 « kleptons » (taxons issus d’une hybridogénèse naturelle particulière propre aux grenouilles vertes).
- 5 espèces introduites non indigènes : le Triton alpestre (Ichthyosaura alpestris), le Spéléomante de Strinati (Speleomantes strinatii), le Discoglosse peint (Discoglossus pictus Otth), la Grenouille rieuse (Pelophylax ridibundus), le Xénope lisse (Xenopus laevis).

Les départements d'Occitanie les plus diversifiés en termes de paysages, de climats et d'écosystèmes sont ceux qui possèdent le plus grand nombre d'espèces d'amphibiens. D'une façon générale, les départements méditerranéens sont les plus riches car ils combinent des zones montagneuses fraîches et des zones de plaines/collines chaudes, avec tous les intermédiaires.

Espèces menacées

En Occitanie, 3 espèces sont actuellement considérées comme menacées, à l'échelle régionale, auxquelles s’ajoutent 7 espèces quasi-menacées de disparition.

Les espèces nordiques ou d’Europe moyenne telles que la Rainette verte (Hyla arborea) ou le Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata) dans le Massif central, sont en limite d’aire de répartition et avec le réchauffement climatique, elles sont menacées de disparaitre du territoire. De la même façon des espèces ou sous-espèces endémiques des Pyrénées comme le Calotriton des Pyrénées (Calotriton asper) sont vulnérables aux changements de leur habitat engendrés par le réchauffement climatique et les pressions plus locales comme l’usage de l’eau et les introductions de poissons.

Le Pélobate cultripède (Pelobates cultripes) est en déclin partout en France et cette tendance est également transposable à l’échelle de la région. Cette espèce méditerranéenne est menacée par l’urbanisation en zone littorale qui entraine une altération ou une destruction de ses habitats (terrestres et assèchement des zones humides) pouvant fragmenter et isoler les populations.

Limites

L’indicateur est réalisé à partir des données présentes dans le Systèmes d’Information de l’Inventaire du Patrimoine Naturel (SINP), les résultats sont donc dépendants de la remontée des données des différents observatoires et structures naturalistes.

Certains secteurs souffrent encore d’un manque de connaissance soit parce qu'ils sont moins attractifs pour les naturalistes, soit en raison d’une difficulté d’accessibilité comme en zone de montagne dans les Pyrénées.

L’absence de liste route rouge des amphibiens en Occitanie ne permet pas d’avoir une vision exhaustive et entraine une sous-estimation du nombre d’espèces d’amphibiens menacées.

Menaces

Les menaces sur les amphibiens sont de différentes natures et expliquent en partie le déclin de certaines espèces.

  • Disparition des zones humides et dégradation des habitats

En Occitanie comme partout en France, les zones humides ont fortement régressé durant les derniers siècles. L’étalement urbain, les modifications des pratiques agricoles, l’assèchement des points d’eau ou encore les changements climatiques sont autant de raisons de la disparition des zones humides ou la dégradation des habitats des amphibiens.

  • Morcellement et déconnexion des milieux naturels

Les paysages ont subi d’importantes transformations pour s’adapter aux besoins des activités humaines : infrastructures routières et ferroviaires, urbanisation, morcellent le territoire et rendent le déplacement des amphibiens difficile voire impossible. Contrairement à d’autres espèces animales, les amphibiens ont une faible capacité de mobilité qui les rend particulièrement vulnérables face au risque de déconnexion de leurs habitats et de mortalité directes dans les habitats terrestres devenus défavorables ou infranchissables. Isolées, les petites populations d’amphibiens sont davantage menacées de disparition.

  • Empoissonnement des points d’eau

La présence de poissons dans un point d’eau constitue une pression supplémentaire sur les amphibiens car les poissons sont à la fois des prédateurs et des compétiteurs alimentaires. L’introduction de poissons dans des milieux aquatiques isolés tels que les mares, pour des raisons économiques ou récréatives, est à l’origine de conséquences écologiques importantes : modifications de la flore aquatique ou encore disparition des populations d’amphibiens.

Solutions

Il existe plusieurs leviers sur lesquels il est possible d’agir pour enrayer le déclin de certaines populations d’amphibiens.

  • Amélioration de la connaissance sur les amphibiens et leur répartition

La préservation des amphibiens passe avant tout par une amélioration des connaissances à la fois qualitative et quantitative. Il s’agit d’accentuer la pression d’observation sur les secteurs sous prospectés mais également de poursuivre la connaissance sur la répartition des espèces.

Pour obtenir des tendances démographiques des populations, des suivis issus de protocoles standardisés – disponibles maintenant comme les protocoles POPAmphibiens - doivent être déployées dans ce territoire.

  • Préservation des zones humides

La préservation des zones humides et sites aquatiques exempts de poissons et des habitats terrestres permettant aux amphibiens d’accomplir l’ensemble de leur cycle vital dans de bonnes conditions constitue donc une priorité sur l’ensemble de la région. Le maintien ou la création de corridors écologiques constituent également une action à développer.

Rédacteur fiche

Gilles Pottier, Nature en Occitanie

Partenaires associés

Philippe Geniez, École Pratique des Hautes Études
Claude Miaud, École Pratique des Hautes Études

Données sources

SINP Occitanie, atlas amphibiens Midi Pyrénéens, atlas des amphibiens et reptiles de Languedoc-Roussillon.

Nombre de données d’amphibiens versées au SINP (juin 2022) : 60 777 données